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 Primavera bis

21 juillet 2009 2 21 /07 /juillet /2009 10:47



Poème XV

Tu me plais quand tu te tais car tu es comme absente,
et tu m'entends de loin, et ma voix point ne te touche.
On dirait que tes yeux se seraient envolés
et on dirait q'un baiser t'aurait scellé la bouche.

Comme toutes les choses sont emplies de mon âme
tu émerges des choses, de toute mon âme emplie.
Papillon de songe, tu ressembles à mon âme,
et tu ressembles au mot mélancolie.

Tu me plais quand tu te tais et sembles distante.
Et tu sembles gémir, papillon dans la berceuse.
Et tu m'entends de loin, et ma voix ne t'atteint pas :
laisse moi me taire avec ton silence.

Laisse-moi aussi te parler avec ton silence
clair comme une lampe, simple comme un anneau.
Tu es comme la nuit, muette et constellée.
Ton silence est d'étoile, si lointain et simple.

Tu me plais quand tu te tais car tu es comme absente.
Distante et endolorie comme si tu étais morte.
Un mot alors, un sourire suffisent.
Et la joie que ce ne soit pas vrai, la joie m'emporte

Pablo Neruda ( 1904 - 1973 )
( Vingt poèmes d'amour )


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11 juillet 2009 6 11 /07 /juillet /2009 18:44


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I


Sur l'onde calme et noire où dorment les étoiles
La blanche Ophélia flotte comme un grand lys,
Flotte très lentement, couchée en ses longs voiles...
- On entend dans les bois lointains des hallalis.


Voici plus de mille ans que la triste Ophélie
Passe, fantôme blanc, sur le long fleuve noir.
Voici plus de mille ans que sa douce folie
Murmure sa romance à la brise du soir.


Le vent baise ses seins et déploie en corolle
Ses grands voiles bercés mollement par les eaux ;
Les saules frissonnants pleurent sur son épaule,
Sur son grand front rêveur s'inclinent les roseaux.


Les nénuphars froissés soupirent autour d'elle ;
Elle éveille parfois, dans un aune qui dort,
Quelque nid, d'où s'échappe un petit frisson d'aile :
- Un chant mystérieux tombe des astres d'or.


II


Ô pâle Ophélia ! belle comme la neige !
Oui tu mourus, enfant, par un fleuve emporté !
- C'est que les vents tombant des grands monts de Norwège
T'avaient parlé tout bas de l'âpre liberté ;


C'est qu'un souffle, tordant ta grande chevelure,
A ton esprit rêveur portait d'étranges bruits ;
Que ton coeur écoutait le chant de la Nature
Dans les plaintes de l'arbre et les soupirs des nuits ;


C'est que la voix des mers folles, immense râle,
Brisait ton sein d'enfant, trop humain et trop doux ;
C'est qu'un matin d'avril, un beau cavalier pâle,
Un pauvre fou, s'assit muet à tes genoux !


Ciel ! Amour ! Liberté ! Quel rêve, ô pauvre Folle !
Tu te fondais à lui comme une neige au feu :
Tes grandes visions étranglaient ta parole
- Et l'Infini terrible effara ton oeil bleu !


III


- Et le Poète dit qu'aux rayons des étoiles
Tu viens chercher, la nuit, les fleurs que tu cueillis ;
Et qu'il a vu sur l'eau, couchée en ses longs voiles,
La blanche Ophélia flotter, comme un grand lys.



Arthur RIMBAUD   (1854-1891)

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8 juillet 2009 3 08 /07 /juillet /2009 16:34

 

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Tu as trois personnes en toi, mais aucune d'elles
ne fait le tiers du moindre dieu.
Tout juste bonnes pour conjuguer le verbe être.
Adieu la Trinité !


Tu as sept vies comme le chat,
mais tu dépenses les sept en même temps.
Quand donc cesseras-tu de jouer à l'enfant prodigue !
Et pourtant tu te plains de ne mourir qu'une fois.


Tu as neuf destinées qui te sont promises,
mais aucune des neuf ne sera la tienne et par ta faute.
Tu trouves toujours le moyen de fausser la balance.
C'est se moquer de qui ?


Tu mérites bien d'être un homme !


Per-Jakez HELIAS
 
( 1914 - 1995 )

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6 juillet 2009 1 06 /07 /juillet /2009 15:35




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Le vent est un cheval :
écoute comme il court
à travers mer et ciel.


Pour m'emmener : écoute
comme il parcourt le monde
pour m'emmener au loin.


Cache-moi dans tes bras,
cette nuit solitaire,
tandis que le pluie blesse
à la mer, à la terre,
innombrable, sa bouche.


Entends comme le vent
m'appelle en galopant
pour m'emmener au loin.


Ton front contre mon front,
ta bouche sur ma bouche,
nos deux corps amarrés
à l'amour qui nous brûle,
laisse le vent passer,
qu'il ne m'emporte pas.


Laisse courir le vent
d'écume couronné,
qu'il m'appelle et me cherche
en galopant dans l'ombre,
tandis que moi, plongé
au fond de tes grands yeux,
cette nuit solitaire,
amour, reposerai.


    Pablo NERUDA
     ( 1904 - 1973 )
( Les Vers du capitaine )

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3 juillet 2009 5 03 /07 /juillet /2009 09:01




Nuages qu'un beau jour à présent environne
Nuages qu'un beau jour à présent environne,
Au-dessus de ces champs de jeune blé couverts,
Vous qui m'apparaissez sur l'azur monotone,
Semblables aux voiliers sur le calme des mers ;


Vous qui devez bientôt, ayant la sombre face
De l'orage prochain, passer sous le ciel bas,
Mon coeur vous accompagne, ô coureurs de l'espace !
Mon coeur qui vous ressemble et qu'on ne connaît pas.
 

                                           Jean MOREAS ( 1856 - 1910 )  

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30 juin 2009 2 30 /06 /juin /2009 16:50

 



Elle était déchaussée, elle était décoiffée,
Assise, les pieds nus, parmi les joncs penchants ;
Moi qui passais par là, je crus voir une fée,
Et je lui dis : Veux-tu t'en venir dans les champs ?

Elle me regarda de ce regard suprême
Qui reste à la beauté quand nous en triomphons,
Et je lui dis : Veux-tu, c'est le mois où l'on aime,
Veux-tu nous en aller sous les arbres profonds ?

Elle essuya ses pieds à l'herbe de la rive ;
Elle me regarda pour la seconde fois,
Et la belle folâtre alors devint pensive.
Oh ! comme les oiseaux chantaient au fond des bois !

Comme l'eau caressait doucement le rivage !
Je vis venir à moi, dans les grands roseaux verts,
La belle fille heureuse, effarée et sauvage,
Ses cheveux dans ses yeux, et riant au travers.

                                                                Victor HUGO

                                                               ( 1802 - 1885 )
 
  

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24 juin 2009 3 24 /06 /juin /2009 09:59






Nous nous faisons, en général, une bien fausse idée du temps. Nous l'accusons de nous ôter nos illusions, d'étouffer nos espérances, d'effacer nos regrets aussi bien que nos joies, d'effeuiller dans nos parterres nos fleurs les plus choyées, d'éteindre dans nos cieux nos plus belles étoiles. Nous nous trompons, le temps n'emporte rien. Nos illusions, c'est nous-mêmes qui dépouillons leurs ailes, pour écrire avec leurs plumes une élégie sur leur perte ; c'est nous qui tuons l'espoir en l'embrassant ; c'est nous qui soufflons sur nos joies, qui tendons nos larmes au soleil pour qu'il sèche nos joues ; c'est nous qui saccageons nos fleurs pour en semer d'autres qui ne viendront pas ; c'est nous qui fermons les yeux pour nier les étoiles.
Quant à moi, je n'ai rien perdu. Sous la surface glacée de ma source, l'eau vive coule toujours ; l'herbe est verte sous le givre de mon automne. Que me dites-vous que mes beaux jours sont passés ? Ils ne sont pas morts puisque je m'en souviens.
.
                                                                                      Jules LEFEVRE-DAUMIER
                                                                                                ( 1789 - 1857 )
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23 juin 2009 2 23 /06 /juin /2009 09:30



Nous allions au verger cueillir des bigarreaux.
Avec ses beaux bras blancs en marbre de Paros
Elle montait dans l'arbre et courbait une branche ;
Les feuilles frissonnaient au vent ; sa gorge blanche,
O Virgile, ondoyait dans l'ombre et le soleil ;
Ses petits doigts allaient chercher le fruit vermeil,
Semblable au feu qu'on voit dans le buisson qui flambe.
Je montais derrière elle ; elle montrait sa jambe,
Et disait : "Taisez-vous !" à mes regards ardents ;
Et chantait. Par moments, entre ses belles dents,
Pareille, aux chansons près, à Diane farouche,
Penchée, elle m'offrait la cerise à sa bouche ;
Et ma bouche riait, et venait s'y poser,
Et laissait la cerise et prenait le baiser.

                                                              Victor HUGO
                                                            ( 1802 - 1885 )

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20 juin 2009 6 20 /06 /juin /2009 17:51



Ô jours resplendissants roulés par l'eau de mer,
et denses en leur coeur comme une pierre jaune,
ô la splendeur d'un miel respecté du désordre
qui préserva leur pureté réctangulaire.


L'heure crépite ainsi que l'essaim ou la flamme,
et vert est le besoin de plonger dans des feuilles
avant que tout en haut le feuillage devienne
un monde scintillant qui s'éteint et murmure.


Soif du  feu, multitude ardente de l'été
ô paradis que font seulement quelques feuilles :
pour la terre au visage obscur, pas de souffrances,


pour tous l'eau ou le pain, pour tous l'ombre ou la flamme,
et que plus rien, plus rien ne divise les hommes
que le soleil, la nuit, la lune, les épis.


                         
                      Pablo NERUDA _ 1904 - 1973
                            ( La Centaine d'amour )

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16 juin 2009 2 16 /06 /juin /2009 15:05

 


J'ai voulu ce matin te rapporter des roses ;
Mais j'en avais tant pris dans mes ceintures closes
Que les noeuds trop serrés n'ont pu les contenir.

Les noeuds ont éclaté. Les roses envolées
Dans le vent, à la mer s'en sont toutes allées.
Elles ont suivi l'eau pour ne plus revenir ;

La vague en a paru rouge et comme enflammée.
Ce soir, ma robe encore en est tout embaumée...
Respires-en sur moi l'odorant souvenir.

Marceline DESBORDES-VALMORE
               ( 1786 -1859 )

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